Rayon Dames

Textes Annie GOETZINGER

Enfance

Je suis née à Paris, dans le XXe arrondissement, rue Alexandre Dumas, précisément. Au fond, c’est peut-être pour cela que je raconte des histoires !

Je n’ai pas la nostalgie de mon enfance. Je m’en souviens très bien, mais j’y pense sans regret.  Je me souviens de la mort de mon père, quand j’avais seize ans. Il est décédé très brutalement, dans la journée, à cause d’un anévrisme. Ce fut une cassure irrémédiable. Et le signe du passage soudain de l’enfance à l’adolescence. À ce moment-là, je me suis beaucoup protégée et un peu renfermée sur moi-même.

Enfant, je demandais du papier et des crayons et je dessinais. Des thématiques de petite fille, des princesses, une bergère. Pas beaucoup d’animaux. Nous n’en avions pas à la maison car nous habitions un tout petit appartement. J’ai toujours aimé dessiner. Dans ma famille, il y avait des couturières — une de mes grands-tantes avait été première main chez Lanvin, et ma grand-mère était couturière à façon, à domicile donc. Ma grand-mère me faisait des robes et des manteaux, des corsages, des jupes.

Chez nous, il y avait des revues de cinéma parce que ma mère adorait le cinéma et m’y emmenait chaque jeudi. Ma préférence allait aux films d’aventures en costumes… J’adorais les grandes robes, leur aspect spectaculaire. Une voisine âgée m’avait d’ailleurs offert une robe absolument renversante, une robe chemise des années vingt, en mousseline et soie, brodée de perles qui étaient dans des tons rose, gris et noir, certaines argentées… une splendeur. Avec elle j’ai joué partout, y compris dans le jardin de ma grand-mère où je m’accrochais aux buissons quand j’étais poursuivie par un coq particulièrement hargneux. Ma robe a fini en lambeaux. À la maison, il y avait aussi des revues féminines… et puis tout l’environnement de la couture. Je voyais des chiffons, des boutons, des galons, des rubans.

Il y avait toutes ces odeurs, toute cette féminité et je me voyais bien devenir dessinatrice de mode. En attendant, au collège, ma prof de dessin m’avait conseillée de passer le concours des Arts appliqués, en m’expliquant que je ne serais sans doute pas admise, mais que ce premier essai me permettrait de savoir à quoi m’attendre… Et j’ai été reçue.

Arts appliqués

L’École des Arts appliqués qui délivrait un enseignement suffisamment vaste pour affiner mes goûts se situait à l’époque rue Duperré, métro Pigalle. Je m’étais dirigée vers la “figurine“ de mode et je m’y sentais bien. J’aurais préféré les costumes de théâtre mais malheureusement cette section n’existait plus. Je suivais un enseignement artistique assez complet. Il y avait de la géométrie perspective, du dessin de plâtre, de nu, de l’esquisse, de l’anatomie, etc. Il y avait même un cours sur la publicité, au cours duquel on nous demandait de dessiner une réclame pour tel ou tel produit… le couteau Seb est un bon exemple.
À cette époque, j’étais une étudiante fauchée et le prêt-à-porter n’existait pas vraiment encore, il m’arrivait de me coudre mes propres vêtements et d’en chiner aux Puces. Cela me permettait de porter des choses que je n’aurais pas pu trouver autrement et de me créer un look très personnel.

Parallèlement, on m’avait conseillé de m’inscrire au cours de bande dessinée que dispensait Georges Pichard. C’était, me semble-t-il, le premier du genre. Et destiné alors exclusivement aux filles puisque l’école n’était pas encore mixte. J’avais lu des BD toute mon enfance, mais je ne me voyais pas trop dans cet univers. Pichard, à la différence d’autres profs, nous guidait sans rien nous imposer. Il avait aussi un sens de l’humour très pince-sans-rire, il était extrêmement cultivé et généreux. Très respectueux, aussi. Lorsqu’il corrigeait ton travail, Pichard prenait un calque sur lequel il notait ses observations. Jamais il ne se serait autorisé à utiliser directement la gomme ou un crayon sur ton dessin.

En fin d’année, j’ai eu un déclic. La bande dessinée avait fini par me toucher au cœur. J’ai passé le diplôme avec un jury composé notamment de Jacques Lob, scénariste, et de Fred, dessinateur. En sortant, des Arts appliqués, j’ai commencé à courir les salles de rédaction.

Il y avait les soirées chez les Druillet — Philippe et sa femme Nicole —, près de la Gare du Nord, à Paris. Tout le monde y rencontrait tout le monde. Chacun venait avec sa copine,  son épouse ou sa maîtresse et que j’avais en fait plus de rapport d’amitié avec les garçons qu’avec les filles. Tout simplement parce que là-bas on y parlait surtout de bande dessinée et que les filles me considéraient avant tout comme une collègue de leur mec.

Vers 1972-1973, j’habitais chez une dame qui me louait une chambre de son appartement, rue Pradier, pas très loin des Buttes-Chaumont. Cette femme était militante féministe et m’a demandé de dessiner en urgence une affiche pour un meeting sur le droit à l’avortement… c’était bien entendu avant la loi Veil, relative à l’interruption volontaire de grossesse.

Casque d’or

Le cours de Pichard se déroulait sur deux ans. Au cours de la deuxième année, nous devions réaliser deux planches pour l’obtention du diplôme. Il nous fallait trouver un thème qui nous corresponde. J’avais pensé un temps adapter un petit morceau d’Arsène Lupin de Maurice Leblanc, mais c’était compliqué. Pichard m’a incité à piocher dans les faits divers de cette même époque… d’où l’histoire de Casque d’or et de ces deux bandes rivales, celle de Popincourt et celle de Charonne.

J’ai dessiné cette histoire sans avoir vu le film de Jacques Becker avec Simone Signoret. C’est un film mythique, mais en dehors de ça, c’est un fait divers qui s’est déroulé dans le quartier où je suis née, et à partir du moment où je m’y suis intéressée, je ne voulais pas voir le film pour ne pas être influencée. Je suis partie des articles qui avaient été publiés à l’époque. Ce sujet m’a d’abord servi pour le passage de mon diplôme, seulement quelques pages bien sûr. Hachette voulait à l’époque publier une collection d’albums autour de grands faits divers. L’occasion pour moi de développer Casque d’or. Le projet a pourtant fait long feu et l’éditeur a revendu ses contrats à Glénat. C’est comme ça que je me suis retrouvée au sommaire du tout nouveau Circus. Glénat l’a repris ensuite en album… Son tout premier album couleur.

Casque d’or m’a valu deux récompenses à Angoulême, comme jeune espoir et comme meilleur album de l’année.

Curriculum BD

Avant d’être acceptée à Pilote ou bien encore de publier mon premier album, je suis allée chez Bayard. C’est là où j’ai publié mes premières planches de Fleur. Dans Lisette, dont la  rédactrice en chef, Pierrette Rosset, deviendra la critique littéraire du magazine Elle. Je n’y suis pas restée très longtemps parce que je n’avais pas trop envie d’être cataloguée « dessinatrice pour fillettes » et j’ai fait deux versions plus adultes de mon personnage. La première histoire, scénarisée par François Truchaud, était destinée à Snark, un projet de Dionnet destiné à Nathan et qui n’a pas dépassé le n° 0, la seconde a paru dans Imagine, une revue plutôt luxueuse, faite par Rodolphe.

C’était une époque où je me demandais encore si j’allais pouvoir vivre de mon dessin. Parallèlement à ces débuts modestes, j’ai travaillé un semestre pour un fabricant de modèles pour textiles. J’ai ainsi dessiné quelques prototypes sur carton, très mal rémunérés au demeurant. J’ai également réalisé Aurore, une biographie de George Sand pour les Éditions des Femmes, un des pires éditeurs que j’ai rencontrés. En fait, c’étaient des éditrices, des éditrices militantes, sans une once d’humour, sans aucune distance, seulement préoccupées par le message. Je n’ai eu de liberté de création ni dans le texte, ni dans le dessin, ni dans la couleur. Dans le fond, je crois qu’elles méprisaient la BD au point qu’elles ne m’ont jamais payé mes droits d’auteur !

René Goscinny

Le mardi avait lieu ces fameuses réunions à Pilote, où l’on décidait des « pages d’actualité », à la suite desquelles Goscinny recevait les jeunes auteurs. Jacques Lob m’avait dit que nous nous retrouverions après, avec quelques-uns de ses amis, chez « Nénette », un café à deux pas de la rue Blaise Pascal, là où se trouvaient les éditions Dargaud. Devant Goscinny, j’étais évidemment très impressionnée avec mon petit dossier sous le bras. Lui, en costume trois pièces, cravate, n’avait pas du tout le look des auteurs de bande dessinée, dans son bureau impeccablement rangé. Il avait ce côté chef d’entreprise. Il était extrêmement poli, extrêmement courtois. Je me suis rendu compte par la suite que c’était un homme plutôt timide avec les femmes. Je l’étais devant lui. “Jacques Lob a manifesté le désir de vous écrire une histoire… Le moment venu, vous êtes la bienvenue dans notre journal“. Après cela, j’ai filé chez “Nénette“ retrouver Jacques Lob qui m’a présenté toute la bande : Philippe Druillet, Jean-Claude Mézières, Jean Giraud… Il y avait peut-être aussi Fred, ce jour-là.

Comme Jacques Lob tardait un peu à m’écrire son histoire, j’ai entamé un autre récit avec François Truchaud… que Goscinny m’a refusée, prétextant que ce n’était pas ce que nous avions précédemment convenu. Ce dernier m’a néanmoins précisé que les portes de Pilote me restaient ouvertes. Un peu plus tard, sur un texte de Jacques Lob, j’ai pu publier L’homme-orchestre de mon enfance, ma première histoire complète pour Pilote. Je n’avais pas beaucoup de commandes à l’époque et j’ai commencé à prospecter d’autres journaux. C’est comme ça que j’ai publié, par exemple, Chère pelle dans L’Écho des Savanes, dirigé alors par Mandryka.

Rayon Dames

D comme dédicace
Auteur au féminin ? Je ne me suis jamais sentie différente dans ce métier, parce que j’étais une femme… Je n’ai pas pensé à me poser la question, en démarrant, de savoir s’il y avait plus de garçons que de filles dans cette profession… Il est vrai que j’ai eu la chance de débuter avec des gens comme Jacques Lob, Georges Pichard, René Goscinny… Je ne me suis jamais sentie exclue : au contraire, plutôt bienvenue. Ma vie d’auteur au féminin est une vie heureuse…

Charnega
Des vies comme celles de Dolores, il y en a à la pelle partout, autant que de destins fichus, que de gens qui sont inutiles, inutilisés, floués, brisés. J’aurais toujours davantage de sympathie pour eux que pour la famille de La Demoiselle de la Légion d’Honneur. Je peux m’identifier à Dolores, pas à eux !

Barcelone 1937
La Guerre d’Espagne ! Elle faisait partie de l’imagerie lointaine de ma famille. Une phrase revenait : on avait trahi l’Espagne pendant le Front Populaire. Quand je suis arrivée à Barcelone, juste après la mort de Franco, la ville était presque encore en l’état. Elle avait, hélas, gardé la patine de cette époque.

Jacqueline T…
La banlieue ? Celle que j’ai connue se trouvait sur les bords de la Marne. Il y avait l’odeur des lilas au printemps, les bordures de pensées et de myosotis dans le jardin et ma grand-mère, le dimanche, préparait le déjeuner. C’était la chaleur, la famille. On y allait en autobus et, en face de la maison, on jouait au cerf-volant dans un grand champ de blé fleuri de coquelicots.

La lingère amoureuse
Ma famille, ce sont des ébénistes et des couturières. Des artisans, qui ont l’amour de leur métier, qui partent du plat pour finir en volume. Les odeurs… Celle du bois, du tissu… Ce sont des gens cultivés, amoureux des livres, de la culture en général, qui sont capables de créer des chefs d’œuvre. En plus éphémère dans la couture que dans le meuble, parce qu’une robe, ça vous échappe vite. Elles sont là quelques temps dans l’atelier et puis après, elles vivent leur propre vie…

Ruban bleu
Les sentiments ? Ils ont une grande importance dans notre vie. Surtout quand ils se déglinguent… Ce sont les glissements qui m’intéressent, les dérapages dans ce qui est autorisé ou interdit, dans ce qui est « Bien », dans ce qui est « Mal »… Pourquoi c’est Bien, pourquoi c’est Mal, pourquoi ça ne marche plus ? C’est comme s’amuser à démonter la mécanique de quelque chose et puis… l’envie de regarder les autres… de voir et de raconter comment les autres s’aiment ou se détestent

Félina

Juste après Casque d’or, j’ai réalisé la série Félina avec le scénariste Victor Mora, que j’avais croisé à Pilote. Félina était au départ prévue pour le magazine Scop, un projet des éditions Vaillant. L’histoire s’est finalement retrouvée chez Glénat. La série s’est ensuite poursuivie chez Dargaud qui en a profité pour rééditer le premier album. BD Enfer en a également publié un portfolio, Les Voyages de Félina, en 2008.

Au-delà du côté roman-feuilleton, Félina est une série parodique. Victor avait beaucoup d’humour et a introduit ce personnage du narrateur qui raconte à la fois la vie de l’héroïne tout en l’affublant de tous les défauts du monde. Dans Félina, il y a une dimension érotique, mais aussi un côté “Catwoman“, manga avant l’heure, me semble t-il.

C’est curieux, parce qu’il n’y a eu que trois épisodes, mais chaque fois que je fais des dédicaces, il y a toujours quelqu’un pour me demander quand va paraître une nouvelle aventure. J’aimerais bien d’ailleurs en refaire un album, pas seulement pour le plaisir du dessin, mais aussi pour l’humour, le côté décalé des personnages.

Pour les premiers volumes, ce qu’on trouve déjà dans Casque d’or, je fais encore référence au Modern Style, avec des mises en pages sophistiquées, un procédé qui a tendance malgré tout à bloquer l’action. J’ai ensuite abandonné ce procédé un peu systématique et j’ai épuré ma mise en pages.

La Demoiselle de la Légion d’Honneur

J’ai rencontré Christin à Angoulême, en 1975. Lors d’un des premiers festivals. Pierre m’a dit qu’il aimerait bien m’écrire une histoire. J’ai dû balbutier un “oui“ de principe, en me disant qu’il était dingue ce mec, que jamais je ne dessinerais une histoire de science-fiction comme il avait l’habitude d’en faire pour Mézières ou Bilal. Il avait en fait été approché par Jean-Claude Mougin, de Casterman, pour écrire une histoire dans (À Suivre). Assez vite, Pierre m’a proposé le synopsis de La Demoiselle de la Légion d’honneur. Comme Mougin commençait à chipoter, n’arrivant pas vraiment à se décider, nous sommes allés voir Guy Vidal, alors rédacteur en chef de Pilote. Guy a accepté tout de suite.

À sa sortie, La Demoiselle de la Légion d’Honneur a connu un succès immédiat, mais nous avons frôlé l’interdiction, l’intendante générale de la Maison de Saint-Denis ayant été très choquée de notre liberté de ton. Nous évoquions des caresses intimes, notre héroïne apparaissait dénudée dans deux vignettes et un personnage de l’O.A.S., rêvant d’insurrection, tenait des propos peu amènes sur le Général de Gaulle. Elle en avait référé au Maître de l’Ordre, le Général de Boissieux, gendre de de Gaulle. Georges Dargaud, lui-même décoré de la Légion d’Honneur a été convoqué, et l’on a même menacé de lui retirer sa décoration. En conclusion, nous avons ôté les mots qui fâchaient.

La Diva et le Kriegsspiel

J’ai continué la série des “Portraits souvenirs“ avec Pierre Christin. Avec La Diva et le Kriegsspiel qui évoquait la destinée d’une cantatrice à l’époque l’Occupation et de la Collaboration. J’en ai éprouvé beaucoup de plaisir. Le début de l’histoire se passe à Blois. J’ai d’ailleurs retrouvé récemment une carte postale qui m’avait servie de documentation. En arrière-plan, on y voit le bas de l’escalier Denis Papin que j’ai mis en scène sur l’affiche de BD Boum.

Avec La Diva, c’était une des premières fois, en bande dessinée, que l’on mettait en scène les années 1930 et 1940. Du moins de cette manière-là, quotidienne, avec des personnages qui se débattent dans l’Histoire. J’ai une tendresse particulière pour Zulfitar de Mirandol, le mécène juif. Il peut sembler caricatural comme Dalio dans La Grande Illusion, mais c’est voulu. Ce n’est évidemment pas par antisémitisme, on s’en doute, je l’ai dessiné avec tendresse, d’autant plus que durant la guerre, ma grand-mère a caché des enfants juifs chez elle.

Et puis, avec cette histoire, j’ai découvert l’univers de l’opéra, ce qui ne pouvait que me ravir !

Théâtre

À l’époque de La Diva et le Kriegsspiel, Daniel Benoin était le directeur de la Comédie de Saint-Étienne, il m’a proposé de travailler avec lui sur une adaptation théâtrale d’Autant en emporte le vent. J’ai évidemment accepté ! Non seulement, je connaissais le film par cœur, mais j’avais aussi lu le roman de Margaret Mitchell. J’ai relu ce dernier en surlignant tout ce qui avait trait aux vêtements dans cette Amérique sécessionniste. Ce qui est très étonnant, c’est que, malgré le climat moite du Sud, les femmes étaient habillées avec des crinolines, des jupons, des corsets, des cache-corsets… Les esclaves de maison, également. On y mentionnait aussi pas mal de détails sur les uniformes des soldats, etc. J’ai réalisé une quantité folle de costumes, tant féminins que masculins, avec un cahier des charges très précis où tout devait être traité en teintes claires. Scarlett n’était pas brune, mais blonde, tout était à l’avenant. Pour les costumes, je devais utiliser des couleurs blanches, des blancs cassés, etc. Sauf, bien entendu, pour les personnages en deuil lorsque l’intrigue l’exigeait. Après avoir fait les maquettes, il m’a fallu ensuite trouver les tissus ad hoc. Je travaillais avec la couturière de la production et nous allions de marchand de tissus en marchand de tissus. Quand tu crées ce genre de robe avec un métrage d’une telle ampleur, d’un tel poids, tu n’as pas le choix, il faut porter un corset… Ce type de vêtement nécessite d’être fermement maintenue pour épargner le dos et les reins. Après avoir un peu râlé au départ, les comédiennes se sont rendues à l’évidence.  

Par la suite, j’ai travaillé sur la pièce Ce soir on raccourcit. C’était une commande passée à Pierre Christin, en 1989, à l’occasion de la commémoration du Bicentenaire de la Révolution française. Pierre a imaginé une histoire autour d’un plateau de télévision, avec un débat qui tourne au pugilat, avec les partisans de la Révolution, ceux qui sont contre, un modérateur, deux danseuses censées interpréter une pseudo Marie-Antoinette et une pseudo révolutionnaire… et, dans le décor, une guillotine. Tout se termine très mal avec l’un des participants qui se retrouve guillotiné sur le plateau. Dans un épisode de L’Agence Hardy, nous nous sommes d’ailleurs amusés, Pierre et moi, à faire un petit clin d’œil à cette comédie.

La Voyageuse de la Petite Ceinture

L’idée de La Voyageuse de la Petite Ceinture vient de Christin. À l’époque, il enseignait le journalisme à l’I.U.T. de Bordeaux et, au seuil des années quatre-vingt, il a vu apparaître de jeunes maghrébines dans ses cours, des jeunes femmes de la deuxième génération qui en voulaient, qui désiraient jouer leur rôle dans la société. C’était l’émergence, à l’époque, de « Touche pas à mon pote », etc. Tout cela nourrit le personnage.
Et puis il y a ce parcours de la Petite Ceinture, cette voie ferrée désaffectée qui fait le tour de Paris. Avec Pierre, pour nos repérages, nous l’avions d’ailleurs empruntée, à l’exception d’une courte section près du pont de Bir-Hakeim qui était fermée. Tout ça n’est plus possible maintenant.

Pierre avait écrit aussi une suite d’articles dans Le Monde sur différents sujets parisiens. Avec lui, j’avais d’ailleurs fait un truc sur le forum des Halles qui venait d’ouvrir. Avec Enki Bilal, il avait déjà fait un reportage sur la Petite Ceinture. Enki avait ainsi réalisé tout un tas de photos qu’il m’a gentiment données… elles ne m’ont pourtant pas été utiles parce que je me suis aperçu qu’Enki avait sa vision des choses, et moi la mienne. Chaque dessinateur a sa vision propre d’un même sujet !

Dans la première planche de La Voyageuse, on a une ambiance brumeuse de petit matin. J’avais du mal à la traiter en noir et blanc et c’est là que je me suis dit que je pourrais peut-être traiter cette histoire en couleurs directes.

Charlotte et Nancy

Avec Charlotte et Nancy, j’avais envie de faire une histoire sur la mode. Christin, en tant que journaliste, de formation sociologique, a pris la chose très au sérieux et a imaginé deux femmes issues de deux milieux radicalement différents. L’une qui devient mannequin et l’autre qui rêve d’être styliste. Comme pour La Voyageuse, nous  avons mené une enquête, nous nous sommes rendus dans des agences pour voir comment tout ça fonctionnait, les books, etc. Nous avons visité le sentier où se trouvaient à l’époque les ateliers de confection. Il n’y avait pas encore les Chinois, c’était encore le quartier des tailleurs juifs, avec les Sri Lankais qui débarquaient les rouleaux de tissu.

Reste que c’est un album un peu bâtard, parce que la mode, ce n’est vraiment pas l’univers de Pierre. Je m’y suis moins éclatée qu’avec La Diva. J’aurais aimé parler un peu plus chiffons… Mais je me suis rattrapée par la suite avec Jeune fille en Dior.

Le Tango du disparu

À l’origine, nous avions été approchés, Pierre Christin et moi, par les éditions Autrement. Ils publiaient une collection sur les grandes villes du monde et auraient aimé que nous y collaborions, mais ayant d’ores et déjà à leur catalogue un livre sur Buenos Aires, notre Tango du disparu faisait doublon et ne les intéressaient pas trop.

C’était l’époque où Flammarion se lançait dans la BD. Françoise Verny et Elisabeth Gille, ses directrices littéraires, venaient de se tailler un joli succès avec Maus d’Art Spiegelman. Elles ont eu envie de lancer une collection de romans graphiques, de même format, avec une pagination importante. Le Tango du disparu pouvait s’y inscrire. Côté cadre, l’histoire se situe dans l’Argentine des années 1980. La dernière dictature militaire avec Videla est tombée. Côté forme, nous jouons sur un autre rapport entre le texte et les images. Pour les dessins, il y a une sorte de “bible“ ; certains sont redécoupés, réutilisés et recadrés. Nous sommes dans une structure romanesque avec des chapitres, etc. Techniquement, c’est un noir et blanc à l’encre de Chine, rehaussé au crayon noir et au lavis, afin de renforcer les contrastes.

Nous avons passé trois semaines à Buenos Aires ; pour parler du tango ça s’imposait vraiment. Plus tard notre livre sera réédité, dans une version remaniée, chez Métaillié.

Barcelonight

Au moment des JO de Barcelone, en 1992, à l’occasion de la construction du village olympique, je me suis aperçue qu’une partie de cette ville allait disparaître — notamment toute la zone ouvrière du port, avec ses usines textiles, ses manufactures  —  et j’ai pris conscience que j’avais une véritable histoire avec cette ville, comme on a une histoire avec une personne. C’est mon deuxième “pays“, j’y ai vécu douze ans. Je me suis dit que c’était le moment de raconter ma petite musique à moi, c’est comme ça qu’est né Barcelonight, avec une femme qui n’est pas moi, mais qui est française, des gens qui ressemblent plus ou moins à ceux que j’ai connus.

L’Avenir perdu

C’était une commande  de Carlsen, un éditeur de Hambourg. L’Avenir perdu est signé par deux scénaristes : l’Allemand Andreas Knigge et le Norvégien Jón Sveinbjørn Jónsson, qui avaient tous les deux l’idée d’écrire une histoire autour du sida, à une époque où, en France, on n’en parlait pas encore beaucoup. Ils se connaissaient pour travailler tous deux dans l’édition, Andreas chez Carlsen, et Jón, chez Cappelen Damm. Ils cherchaient un dessinateur et c’est, je crois, Andreas qui a suggéré mon nom. Ils sont venus me voir à Barcelone où j’habitais encore. J’ai lu le scénario, je l’ai trouvé foisonnant, trop même, trop bavard. Après avoir accepté ce projet, j’ai beaucoup retravaillé l’histoire avec eux, beaucoup élagué. Le livre a été tout d’abord publié chez Carlsen, puis ses droits ont été achetés par les Humanoïdes Associés.

C’est une belle histoire, très touchante, qui sonne très juste. Même si L’Avenir perdu tourne autour de la communauté homosexuelle masculine, on y découvre aussi un personnage féminin important, qui rééquilibre le propos. Il fallait montrer dans cet album que tout le monde peut être concerné par cette maladie. Cela n’allait pas forcément de soi à l’époque où ce livre a été fait.

La Sultane blanche

La Sultane blanche scelle mon retour chez Dargaud. Et la poursuite de ma collaboration avec Pierre Christin. C’est un album qui a été assez long à réaliser car il est en couleurs directes. Ce que j’aime dans cette histoire, c’est que tu ne sais jamais si la narratrice rêve ou a vraiment vécu toutes ces aventures. On reste dans le doute. L’Asie de la fin des années quarante, cette Asie coloniale que nous décrivons a t-elle vraiment existée ?

Paquebot

Dans Paquebot, Christin a utilisé une vraie trame policière, un genre que nous aimons beaucoup tous les deux. Quand je lui en ai parlé, nous nous sommes très vite entendus. Il nous fallait trouver un lieu clos dans lequel pouvait se dérouler toute l’histoire. Avec les différents ponts sur le bateau, les passerelles dans tous les sens du terme, les différentes classes sociales, etc., un paquebot pouvait être un endroit original. J’ai même dessiné un plan précis du bateau, une sorte d’“écorché“. Chose amusante, dans l’album, le lecteur découvre ce plan en même temps que les passagers. L’histoire est traitée là encore en couleurs directes. J’avoue qu’après ce long travail, j’avais besoin de passer à autre chose et pourquoi pas à une série ? C’est comme ça qu’est née L’Agence Hardy.

Agence Hardy

La bande dessinée consiste à essayer de mentir vrai. Tous les signes de réalisme sont importants car ils donnent de la densité à l’histoire. Peu importe, d’ailleurs, que les lecteurs les identifient ou non. Avant de me lancer dans le dessin du premier tome, je m’étais amusée à dessiner une maquette de l’Agence Hardy. Elle me permet de voir comment circulent les personnages dans l’espace, comme sur une scène de théâtre. Leurs vêtements sont aussi des signaux pour le lecteur. Je dispose de quelques “bibles“ dont je m’inspire, comme le catalogue de Manufrance. J’en possède trois : l’un date du début du XXe siècle, l’autre des années cinquante et le troisième de la fin des années soixante. Outre les vêtements utilitaires, on y trouve aussi les objets de la vie quotidienne, le mobilier, un moulin à café, une lampe de bureau, que sais-je encore.

Je mets aussi des gens de l’époque, comme des acteurs que j’apprécie. Je ne cherche pas à les rendre ressemblants, mais je fais en sorte qu’ils rappellent des gens comme Bernard Blier, par exemple. Il s’agit plus d’évoquer un type que de le représenter trait pour trait. Comme je fais de la BD “réaliste“, je m’efforce de coller le plus possible à la réalité.

On avait trop vu, dans les séries policières, un détective avec une secrétaire blonde un peu nunuche. J’avais envie de renverser les rôles, de casser les codes habituels : raconter les aventures d’une détective avec un secrétaire jeune et dévoué. Mais je ne décide pas, je propose. Quand nous travaillons sur un nouveau projet, nous organisons une sorte de “brainstorming“. L’Agence Hardy est née de là. C’est une série un peu intimiste. On y évoque aussi une époque disparue, le fantôme de la classe ouvrière, etc.

Quand Pierre et moi avons décidé du prénom de l’héroïne de L’Agence Hardy, je voulais un prénom qui évoque un esprit féminin et volontaire de cette époque. Édith me faisait penser à Édith Piaf. Pierre n’aime pas la chanteuse, mais une de ses amies porte ce prénom. Nous sommes tombés d’accord… En plus, dans mon esprit, Édith Hardy ressemblait d’une manière très fugitive à Gena Rowlands dans Gloria de John Casavettes, cette belle femme de quarante-cinq ans qui cavale sans cesse sur ses talons aiguilles. Son image m’est restée et je m’en suis nourrie. Chez Édith, il y a quelque chose de mystérieux, on ne sait pas trop d’où elle vient, quelle a été sa vie avant l’agence. J’aime bien aussi les débuts des histoires, avec ses cauchemars qui reviennent de manière récurrente. Cela lui donne une part d’ombre.

Victor, c’est un garçon sérieux et entreprenant, avec un petit côté Gaston Lagaffe. Il y a sans doute du Pierre Christin chez lui. Il aime le jazz, il vit ses premiers engagements politiques, il découvre le monde ouvrier. Je n’ai jamais vu de photo de Pierre à l’adolescence, mais il n’est pas impossible que Victor lui ressemble un peu !

Quand nous travaillons, Pierre et moi, nous discutons beaucoup et nous procédons toujours à ce genre d’ajustements. Il existe une vraie complicité entre nous. Pierre et moi, c’est une bonne trentaine d’années de collaboration. Pierre est un membre de ma famille. Nous échangeons beaucoup nos points de vue en respectant nos aspirations et nos envies respectives. Au fil des années, nous nous sommes découverts pas mal de points communs. Nous sommes solidaires et attentifs l’un à l’autre comme dans les amitiés responsables.

Marie-Antoinette. La reine fantôme

Même si nous n’avons pas beaucoup collaboré ensemble, le scénariste Rodolphe et moi, nous nous sommes toujours très bien entendus. Il m’a un jour prêté un petit livre, Les Fantômes du Trianon, préfacé par Cocteau et contant l’aventure paranormale de deux Anglaises, miss Moberly et miss Jourdain, qui, par une belle journée d’août 1901, croisèrent la route ce qui semblait bien être le fantôme de la reine Marie-Antoinette. Il y avait là matière à une belle histoire, même si le contenu du livre était finalement très léger, insuffisant en tout cas pour constituer la matière d’un album. D’où l’envie de créer un autre personnage qui interviendrait en parallèle dans les années trente. Cela nous permet de jouer sur les différentes époques.

Jeune fille en Dior

Dargaud m’a proposé de faire un livre qui traite vraiment de la mode. C’était évidemment tentant, mais, quelque part, je me suis toujours méfié de mes goûts. Quand tu aimes trop quelque chose, tu peux te laisse subjuguer par le plaisir, au détriment de la rigueur. Il ne fallait pas que l’esthétique se fasse au détriment de la narration, comme cela avait pu m’arriver à mes débuts. Une chose m’a parue évidente : si je devais faire une histoire sur la mode, il fallait que je la fasse toute seule. Et, tant qu’à faire, puisque c’était mon truc, autant aller jusqu’au bout et parler d’un grand couturier. J’aurais pu évoquer la carrière de Paul Poiret, un couturier du début du XXe siècle que j’apprécie beaucoup, mais qui ne parle pas à un grand public… à la différence de créateurs plus modernes comme Chanel, Saint-Laurent… et Dior. Chanel, je ne l’aime pas assez pour parler d’elle, c’est une peste, et Saint-Laurent avait déjà été abondamment traité. Me restait donc Dior. Ce cher et discret Mr Dior.

Je voulais raconter comment il a construit sa maison de couture. Il y a vraiment un avant et un après ce fameux défilé de 1947. Dior a révolutionné la silhouette féminine et créé le style “New Look“, une expression inventée par l’Américaine Carmel Snow d’Harper’s Bazaar, la journaliste de mode la plus influente de son temps. Dior était un créateur et un homme d’affaires avisé, mais aussi un homme attaché à sa maison et à son personnel, pas snob du tout et très généreux.

J’ai tenu à montrer que la mode est une création collective. Au-delà de l’idée géniale d’un créateur, toute une équipe travaille dans l’ombre. La mode est tout sauf une activité frivole, car elle représente de gros enjeux économiques. Et un vêtement, quel qu’il soit, définit un individu.

Je tenais à revenir sur les lieux historiques, dans l’hôtel particulier où s’est tenu le premier défilé. Il était important pour moi de voir comment les mannequins se déplaçaient. C’était touchant d’emprunter le petit escalier, je me trouvais vraiment dans le décor ! Les lieux n’ont pas changé, et la cabine d’essayage est toujours là, mais elle n’est plus utilisée, car les défilés ne sont plus organisés au numéro 30 de l’avenue Montaigne.

Le livre se distingue par son format particulier album classique. Cela m’a offert une plus grande souplesse narrative. Pour les défilés, quand c’est nécessaire, j’ai pu faire des dessins en double page. Cela donne un plus grand élan à certaines illustrations, traduit mieux le côté “show“ de ce type de défilé.

Jeune fille en Dior a par ailleurs été décliné en plusieurs langues… C’est amusant de découvrir son ouvrage en chinois, en coréen, en anglais ou en italien. En attendant la version en espagnol prévue pour l’année prochaine.

Edgar P. Jacobs vu par Annie Goetzinger

En 1981, Annie Goetzinger rencontre Edgar P. Jacobs à l’issue d’une émission télévisée.

Je venais de finir La Diva et le Kriegsspiel, avec Pierre Christin. Je n’étais pas très BD belge, ni ligne claire. Jacobs était très “old fashion“, d’une exquise politesse. On a parlé d’opéra et il m’a dédicacé un exemplaire de La Marque Jaune au crayon bleu. J’ai été frappée par l’architecture de son dessin, par ses couleurs. Et par la présence de femmes, même si elles sont en arrière-plan, à une époque où la BD était exclusivement masculine. C’est une rencontre qui m’a marquée : en lisant son autobiographie, Les Mémoires de Blake et Mortimer. Un opéra de papier, je me suis rendu compte qu’il avait travaillé dans d’autres domaines que la BD, en y manifestant toujours le même perfectionnisme. D’une certaine manière, on avait plein de points communs. Chaque année, Jacobs et moi, nous nous sommes ensuite adressé nos vœux.

Maquettes

Cela pourrait s’appeler “les dimanches pluvieux“. Lorsque je ne dessine pas, j’aime bien m’aérer la tête et construire par exemple des petits objets en volume. Pour Les Papillons, c’était une envie de modelage. Pour l’Hommage à Keleck, c’était une petite poupée de porcelaine dont on faisait des décors de lampes dans les années vingt. J’avais cette petite figurine et un jour elle est tombée et sa tête s’est cassée. Elle était tellement jolie que j’avais du mal à la jeter. J’ai pensé à Keleck, cette grande illustratrice et amie, hélas décédée, à son éternel maquillage, gothique avant l’heure, et j’ai décidé de lui rendre hommage.

Illustrations

Les illustrations de presse, j’en ai fait depuis très longtemps. Pour France-Soir tout d’abord, à l’époque où Jacques Lob et Georges Pichard publiaient Blanche Épiphanie. Vania Bauvais s’occupait de la partie BD du quotidien. Vania m’avait demandé d’illustrer quelques articles. J’ai aussi publié des dessins dans Aftenposten le plus grand quotidien de Norvège. Mon beau-père de l’époque en était le maquettiste et m’avait proposé d’illustrer des nouvelles policières.

À l’époque des Jeux Olympiques de Barcelone, j’ai illustré une chronique de cette ville, publiée en France et en Norvège dans L’Humanité et dans Klassekampen. Assortis de textes de Montserrat Roig, ces dessins ont été ensuite repris dans Mémoires de Barcelone, un ouvrage édité par La Sirène. Pour L’Humanité, j’ai également dessiné un portrait de Jaurès au pastel… Qui a été finalement refusé, car jugé peut-être trop “désespérant“ ? Il a néanmoins été tiré sous la forme d’une affichette vendue à la Fête de l’Huma.

Avec différents journalistes, j’ai travaillé dans les années 1990 dans Le Monde, pour “Heures locales“, un cahier consacré aux villes moyennes. Dont la ville de Blois, entre autres.

Et puis il y a La Croix. Une illustration hebdomadaire pour “L’humeur des jours“, une chronique de Bruno Frappat articulée autour de thèmes principaux, sociologiques, politiques, culturels ou religieux, parfois entremêlés. J’en ai fait plus de six cents. Un certain nombre a été réuni dans Le Regard des jours, coédité par La Croix et Dargaud.

Avec Jón Sveinbjørn Jónsson, j’ai également illustré Embla pour une éditrice norvégienne. L’idée, pas joyeuse, tourne autour de la mort d’un enfant. Sa maman lui construit une maquette de bateau. Le livre, paru chez Tiden, inédit en français, se conclut symboliquement sur les départs du voilier et du petit garçon.

Quand j’ai fait Ladies in Love, j’ai pensé à toutes ces merveilleuses illustrations faites par Vargas ou Brenot. Il n’y a pas beaucoup de femmes qui ont dessiné des pin-ups. C’est plutôt un truc de mecs. Je ne voulais pas tomber dans la vulgarité et dessiner des “bimbos“. Pour Judy Garland, je me suis beaucoup documentée sur cette actrice.

Hommage à Hopper est une commande de Claudine Giraud pour la galerie Stardom. J’ai toujours été fasciné par Hopper qui est un artiste extrêmement surprenant avec ses cadrages, ses motifs, ses ambiances. Tu as l’impression qu’il va se passer quelque chose ou qu’il s’est passé quelque chose, mais on n’est pas dans le fait divers. C’est mystérieux. Il y a aussi le côté un peu voyeur de la vitrine. L’objet inaccessible.

Enfant, j’ai passé pas mal de vacances dans la région blésoise où habitait la famille de ma grand-mère maternelle. J’ai le souvenir d’avoir visité les châteaux de la Loire, mais aussi d’avoir pris la pose dans les escaliers Denis Papin. Je devais avoir dans les quatre ans. J’étais d’ailleurs morte de trouille en regardant la perspective jusqu’à la Loire. Quand on m’a proposé de faire l’affiche du festival BD Boum, j’ai repensé à cette scène.7